Bienvenue à Cameron Highland, terre de mystères. Oui parce que soyons honnête on se demande bien ce qu’il y a à faire ici. Le petit village de Tanah Rata, où nous séjournons, ressemble à un petit village de sport d’hiver franco-suisse mais en été.
Nous avons décidé de voyager autrement et donc de tester l’aventure Workaway. Mais qu’est-ce que cela peut bien être ?
Il s’agit de travailler pour une entreprise ou un particulier un temps donné. En échange nous obtenons un hébergement et de temps en temps d’un repas. De ce fait sur nos temps libre nous pouvons explorer la région. Notre première expérience se déroule dans une auberge de jeunesse « Travel Bunker » (100 lits en dortoirs répartis sur plusieurs niveaux). Quatre heures de travail par jour durant 5 jours puis un jour de repos contre des cafés (3 en 1), un lit en dortoir et nous avons accès à une cuisine.
En arrivant au soir on fait alors la connaissance de Gaëlle et Kevin, 2 autres workaway français desquels on va prendre le relais. Ils nous expliquent rapidement le fonctionnement et demain Reina, la femme du gérant, approfondira avec nous.
Nos horaires.
Donc le planning est étalé sur 3 créneaux de 4 h :
- 8h-12h : surtout pour les check out et les cafés du matin (oui oui il y a aussi un espace café à s’occuper).
- 15h-19h : 80% de check in, expliquer le fonctionnement de l’auberge, montrer les chambres, nettoyer les salles de bains, faire des boissons, donner des informations, s’occuper des lessives. Finalement on ne s’ennuie pas sur ce créneau-là.
- 19h-23h : c’est l’arrivée des retardataires, les commandes de billetteries de bus, de randonnées avec une compagnie, informer sur les itinéraires des différents parcours possibles, les restaurants à proximité, divertir les invités et vendre des boissons en tout genre.
Cependant pour nous, il y aura un créneau de plus, car les gérants nous demande d’emmener les clients en ballade, étant donné que nous aimons bien randonner. Alors oui randonner fera aussi parti de notre travail, 2 fois par semaine de 9 h à 13 h. Cela nous arrange et nous permet d’explorer et de prendre l’air mais sur le temps de travail, c’est plutôt pas mal non ?
Sur les deux semaines que l’on passe ici, on tourne sur tous les créneaux sauf celui des check out. On alterne les horaires avec les autres volontaires. Nous sommes 6 au total à nous entraider sur cette mission.
Ce n’est pas de tout repos au début, le temps que l’on trouve nos marques. Et le fait que nos lits soient littéralement collés à la porte de la salle principale ne nous aide pas à bien dormir. Enfin moi quand je dors, je dors. Un arbre pourrait tomber dans le jardin que je n’entendrai rien.
Bon et en pratique comment ça se passe ?
Les clients arrivent nous présentent leur passeport, on les rentre dans l’ordinateur et les cahiers de contrôles, ils payent puis on les invite à nous suivre pour leur faire le tour du propriétaire. Bien sûr ça c’est quand tout va bien mais souvent ils arrivent par troupeau, ils ont un accent à couper au couteau, on ne comprend rien et à côté de ça y en a toujours un qui veux un renseignement urgemment.
M
A
L
A
I
Et c’est la roue de la fortune
Ils ont des lits attitrés et le grand jeu de Ben est de ne pas les placer dans les bons lits, du coup on est bien dans la mouise de temps en temps ! Pour ma part, il m’arrive d’oublier de mettre un zéro ou d’en ajouter un sur le prix des chambres Oups… (Et dire que je tiens les comptes du voyage, Ben a de quoi se faire des cheveux blanc). Ce sont nos erreurs de débutants. Mais nous sommes toujours avec une personne du staff permanent et qui nous aide quand c’est le rush ou qu’on ne sait pas comment faire.
Exemple en parlant de rush : Un groupe de loustics arrivent en faisant un boucan du feu de Dieu, je ne comprends pas ce qu’ils me disent. A côté de cela une partie de Monopoly se déroule dans les cris (joie ou fureur c’est encore à déterminer). Je respire un coup et me lance dans la bataille. C’était sans compter sur celui qui était passé entre les mailles du filet et avait commandé 6 cappuccino et un smoothie fraise à Ben pendant que j’avais le dos tourné. Bref une journée passionnante. |
Laundry service à votre écoute
Il nous arrive aussi de nous occuper de la buanderie. Tri devant caméra et comptage de chaussettes unitaire, et hop en machine. Oui devant des caméras car au cas où il y aurait une réclamation sur une perte, on peut prouver ce qu’il y avait dans le tas de linge sale. Et dans ce tas on trouve de tout. Moi qui ai laissé derrière moi mes robes de bal, je me retrouve à trier des portes jarretelles, de la lingerie fine… Le B-A-B-A de la tenue d’une randonnée quoi ! C’est un peu comme lire l’avenir dans les feuilles de thé, tu tries le linge des gens et tu à l’impression de faire leurs connaissances et de voir leur futur.
L’autre versant du travail
Je vous ai parlé de notre travail dans l’auberge et maintenant nous voici devenu guide de montagne. Alors avec mon sens de l’orientation et ma volonté de tester de nouveaux chemins, vous vous dites que ça a dû être terrible pour ces clients. Et bien détrompez-vous, ce n’est pas avec moi qu’il a fallu s’inquiéter…
Nous n’allions pas nous lancer là-dedans sans avoir un peu tâté le terrain avant. Donc le matin nous allions randonner pendant les heures de liberté, avant de prendre notre service d’après-midi ou du soir. Puis nous apposions une affiche avec le parcours que nous proposerions le lendemain. Le principe est simple : rendez-vous le matin, départ à 9h pour 3h de randonnées environ. Tous ceux qui veulent venir viennent et c’est gratuit. L’idée est de pouvoir proposer une activité commune à tous les voyageurs solitaires mais pas que. Notre première randonnée se passe bien : 9 personnes en tout. Ben ouvre la voie et moi je la ferme (oui ça m’arrive de temps en temps).
Du coup on continue!
Les bons commentaires apparaissent sur les reviews booking
et autre. Du coup quelques jours plus tard pour la randonnée suivante, nous
sommes 21 ! Sauf que là au bout de 15 min on voit déjà bien que le groupe
s’étend dans la longueur. En effet Ben cavale avec ceux en tête, moi je vois le
groupe du milieu avancer à un rythme plus lent mais régulier et alors à la fin
je fais camion pompier, camion poubelle, voiture balais. Y en a bien une
ou deux qui vont me faire une syncope, je le sens!
Donc on prend notre temps et arrivé à une jonction on propose deux options. Le trajet un peu difficile à travers la jungle pour les plus téméraires avec Ben et moi je prends les bras cassés pour les amener par la voie facile jusqu’à la plantation de thé où on se retrouvera tous. L’idée est bonne et tout le monde choisi son camps. J’attends alors que le groupe de Ben s’enfonce dans la forêt pour récupérer le reste. Puis en route mauvaise troupe ! Ça va mieux avec un petit groupe. Nous ne sommes plus que 8 et les filles prennent un rythme tranquille. Le sol est glissant car il a beaucoup plu hier et tout le monde tombe comme dans un jeu de quille. Heureusement on le prend en riant (enfin sauf une qui a l’air de souffrir le martyre).
La règle des 15 m
En arrivant à la plantation de thé, on rencontre Ben et une partie de son groupe. Et là il me pose LA question. Le cadre est magnifique, il fait beau, les oiseaux chantent…. Oui LA question qui est :
-« Tu as bien récupéré une partie de mon groupe ? »
-« Hein ?! Euh non, nous sommes toujours notre groupe de 8, il n’y avait personne d’autre. Il t’en manque combien ? »
-« 7 ».
IL A PERDU 7 PERSONNES. En s’enfonçant dans sa route en forêt, un bout du groupe n’a pas suivi apparemment sur 15 mètres ! QUINZE METRES ! Tu peux regarder ailleurs sur 1 m, mais pas QUINZE ! Sauf que moi j’ai bien attendu de voir tout le monde s’enfoncer avant de partir, et en plus il n’y a qu’une route donc on aurait dû les croiser. OK Paaaaanique ! J’en parle à mon groupe qui s’empresse de téléphoner à un de leur ami pour savoir où ils en sont. Où ? Bien au frais à l’hôtel. Ils se sont perdus en entrant dans la forêt donc ils ont fait demi-tour fissa et sont rentrés par le chemin aller sans rien dire à personne. BACHIBOUSOUK !
Le hitch-hiking
Finalement on est au complet et on finit la randonnée par la visite de la plantation de thé. Ensuite c’est l’épreuve du retour. Soit on reprend le chemin inverse (3 h de marche), soit on retourne à l’auberge en longeant la route (bof), soit on fait de l’auto stop. Pour l’avoir testé plusieurs fois dans la semaine, on peut vous certifier que ça marche très bien ici. Les locaux sont extrêmement curieux et n’hésitent pas à s’arrêter pour nous prendre.
On organise nos troupes pour les répartir en petit groupe afin que chacun trouve une voiture sur la route. Mais aujourd’hui ça ne veut pas fonctionner. Après 15 min d’attente personne ne s’arrête. Puis tout d’un coup on voit un pick-up à légume arriver avec une partie de notre groupe. On tente le coup et lui demande aussi de s’arrêter. Ça marche et 600 mètres plus loin on récupère le dernier groupe qui levait son pouce. On se retrouve donc à 12 à l’arrière de la même camionnette, les cheveux au vent en évitant de marcher sur des salades et des choux. Une belle expérience de partage et de convivialité. La personne nous dépose même exactement devant notre hôtel. Un chouette type ce monsieur.
Retour d’expérience
En définitif, même si au début on s’est posé beaucoup de questions sur ce qu’on faisait là et comment on allait pouvoir s’occuper, le temps est passé vite.
Et c’est le premier jour du nouvel an chinois que nous partons pour Kuala Lumpur mais pas en bus. En auto stop ! On est un peu joueur et du coup on s’est dit que ça valait le coup d’essayer pour 200 km. Mais on expliquera ça dans le prochain épisode.
Au revoir Cameron Highland, merci à l’équipe du Traveler Bunker et aux amis rencontrés. Bonjour Kuala Lumpur… enfin pas tout de suite.