Etape 1: Birethanti
Après 15 jours à crapahuter, nous voici arrivés à Birethanti et comme nous vous l’avions annoncé, un choix a dû être fait à cause de cette fâcheuse histoire de confinement. Remonter dans les montagnes ou repartir sur 3 jours de marche pour rejoindre une grande ville : Pokhara.
Si on doit être confiné pendant 6 jours, autant que ce soit dans un bel environnement verdoyant. Donc nous décidons de remonter vers Ghandruk. Par acquis de conscience j’en informe L’ACAP (Annapurna Conservation Area Project) qui se situe juste à côté de notre guesthouse.
Le premier obstacle
Il s’agit d’une personne différente de la veille et celle-ci nous informe que nous ne sommes finalement plus autorisé à repartir dans le circuit des Annapurna ni même de rejoindre Pokhara. Nous devons donc rester sur place. Qu’a cela ne tienne, l’endroit est sympathique et nous ne payons pas la chambre car nous prenons nos repas sur place. On sent quand même quelques petits regards autours de nous mais rien d’extraordinaire étant donné la situation. De ce fait c’est bien le temps de se faire une petite lessive!
Mais que fait la police ?!
Le lendemain matin à 7 h 30, notre logeur vient tambouriner à la porte et crie « faites vos bagages, vous devez partir de suite ». Houlala qu’est ce qui se passe ? C’est la guerre ? Il y a un tremblement de terre ou quoi ? Vêtue de mon super pyjama, je descends voir ce qu’il se passe. Je tombe avec la personne de l’ACAP et un policier qui me disent que je dois prendre mes cliques et mes claques et que je dois marcher jusqu’à la prochaine ville (environ 45 min) et qu’il faudra que je vois avec le poste de gendarmerie là-bas pour qu’ils m’arrangent un transport pour Pokhara.
Je ne comprends plus rien, je croyais qu’on ne devait plus bouger?! Et puis moi je ne vais pas dans la ville suivante sans être sûr d’avoir une porte de sortie. Ici nous avons un logement au moins. Et la prochaine ville signifie que l’on sort du parc naturel. Et quand on sort, on sort définitivement !
Y a pas moyen de moyenner ?
Je pars alors en négociation avec ces personnes pour exprimer mon ressentiment et mes appréhensions. Le policier ne m’adresse même pas la parole. Il ne te plait pas mon pyjama ?
Au bout de 2 h, la personne de l’ACAP me dit de rentrer dans mon hôtel et que s’il y a du nouveau il viendra me voir. En attendant je prends quand même quelques informations : où serons nous loger à Pokhara (car apparemment les hôtels n’acceptent plus de nouveaux clients) ? Bref, il ne sait pas. Comment rejoindre la ville ? Une jeep surement. Et pour combien ? Gratuit car c’est les flics qui vous obligent à partir. Ce sera surement une voiture de la gendarmerie.
Service Après Vente j’écoute
Le policier revient à la charge et me presse de « dégager » de ce village. Dans ces conditions, ça commence à être de la violence psychologique et je n’aime pas ça du tout. Donc j’insiste pour parler à un responsable vu qu’il ne veut rien me dire le bougre. Il sourit et me tend son téléphone avec au bout l’inspecteur en chef du district.
« Quel est le problème ? »
« Un officier est venu me sortir du lit pour m’ordonner de partir pour Pokhara mais nous sommes en confinement et donc je ne comprends pas pourquoi je dois partir immédiatement»
« Avez-vous un vol de Katmandou ? Une raison d’aller à Pokhara ? »
« Non »
« Donc vous ne bougez pas d’où vous êtes. C’est un confinement Madame. »
« Ça j’avais bien compris, du coup vous pouvez le dire au Guignol qui est en face de moi !»
Bon à quelques traductions près, ça s’est passé comme ça. Bizarrement le policier m’a tourné le dos et est parti. Deux minutes plus tard l’ACAP m’assure que tout est arrangé et que nous devons rester là.
Du coup je rejoins Ben qui étaient en train de faire nos sacs au cas où. On s’enfile un petit déjeuner de folie à 9 h 30. Le contrecoup de ses échanges m’a laissé sans force.
La revanche des Sith
La journée se passe et rien de neuf à l’horizon. Mais taratata…, au moment où je me détends et je me lance dans une sieste, la fille du propriétaire vient nous chercher et nous dit : « vous devez partir ». Nan mais c’est quoi encore cette blague ?!
Alors maintenant c’est tout le poulailler qui est de sortie. Plus un seul effort de sourire ou d’être un minimum aimable c’est contraint et forcé, qu’ils nous conduisent à une jeep. Les 4 autres touristes du village sont aussi de la partie. Je freine des quatre fers. Puis arrivée devant la jeep avec Ben et Fabio (un allemand rencontré en route), le chauffeur nous dit « Maintenant pour monter dans la voiture c’est 1000 roupies par personne». C’en est trop. Je pousse une gueulante contre ce rackettage organisé.
Quand y en a marre, y’a malabar !
Et juste pour le plaisir, je m’assoie sur un banc entre deux policiers masqués. Inutile de préciser que je ne portais pas de masque (à cette époque on se demandait à quoi ça servait) et que je parlais à leur oreille approchant ma bouche le plus prêt de leurs visages corrompus. Étonnamment ce n’est pas les flics qui piquent une crise mais la personne de l’ACAP qui me hurle de monter et de payer. Si je ne le fais pas, personne ne sera là pour m’aider et me protéger la prochaine fois. Et que les villageois vont s’attaquer à nous. Je les vois déjà arriver avec des fourches et des torches enflammées « Au bûcher la sorcière ! ».
Têtue que je suis, j’insiste pour parler à l’inspecteur que j’ai eu le matin et qui m’avait ordonné de ne pas bouger. Il refuse et me dit de voir avec une autre personne. Je récupère finalement le numéro et passe un coup de fil avec l’aide de mon hôtel. Confirmation de l’inspecteur « VOUS NE BOUGEZ PAS ». En attendant ils avaient fait partir la jeep sans nous.
La tension est à son comble et on retourne dans notre guesthouse pour finir la soirée.
L’ « aide » de l’ambassade
Entre temps ce matin à 9 h 30, j’avais envoyé un mail à l’ambassade de France, qui nous avait demandé de nous « localiser» et de rester où nous sommes. Bref, c’est exactement ce que nous avions fait la veille. En effet dans ce mail j’expliquais notre situation du matin avec le policier. Sans réponse et après s’être encore fait brutaliser psychologiquement une seconde fois, j’envoie cette fois ci à l’ambassadeur directement. Quelques heures plus tard, la réponse : « pour 1000 roupies vous auriez dû monter dans la jeep ».
Soyons sérieux et mettez-vous à notre place. Imaginez-vous réveillé par des inconnus, qui vous forcent à monter dans une voiture pour un endroit que vous ne connaissez pas, alors que les autorités vous obligent à rester chez vous. Oui j’avais un peu de réticence à monter dedans.
La capitulation
Ce soir nous mangeons avec Fabio et Lamia, on discute de la stratégie à adopter. Bien que l’ambassade de France nous assure qu’il n’y a pas de bus le lendemain, celle d’Allemagne en annonce 2. Etant donné l’ambiance et après un très long débat, on décide de tous prendre le bus demain (s’il passe). Mais cette fois ci nous seront prêt. L’hôtel est réservé et on sait où on va poser les pieds.
Puis comme prévu, nous prenons le bus et passons par d’autres villages pour récupérer les trekkeurs qui restaient dans les Annapurna.
Oh surprise, on récupère Valentin, Marie et Paul. Il n’y a que 40 km pour aller jusqu’à Pokhara mais on met bien 5 h. Entre les pannes, et les slaloms pour éviter les poteaux électriques au milieu de la voierie, notre bus peine à arriver.