Etape 2 : Pohkara
La ville se dessine devant nous et on se dit « enfin arrivé ». Oui mais Non! Un petit dernier arrêt avant de pouvoir rentrer dans la ville afin de refaire le plein du car.
Effroyables touristes !
A la station de service, notre chauffeur doit montrer son laisser passer pour avoir du carburant. Et pendant ce temps les employés (oui beaucoup de personne pour une seule pompe en fonction…) nous font de multiples signes que nous ne comprenons pas. Tous les occupants du bus se mettent aux fenêtres pour tenter de comprendre, jusqu’à ce qu’un des responsables nous ordonne de fermer toutes les fenêtres côté pompes à essences et de mettre nos masques à l’ intérieur ! Ah c’était donc ça tous ces gestes désespérés… Par la suite les népalais nous regarde comme si nous étions des animaux derrière une vitre. C’est assez dérangeant.
Groupir rester groupir !
Pokhara nous voici après un dernier contrôle de police et je pense qu’on a dû en passer au moins une quinzaine! Coup du sort on se retrouve dans le même hôtel que Valentin. Il n’y a que des étrangers en attente du confinement dans cet hôtel et on nous demande de partager un dortoir à nous quatre (avec Valentin et Fabio) car ils commencent à compartimenter les personnes. Pas de soucis, tout le monde se connait et on a fait un bout de chemin ensemble depuis le début, donc à première vue personne n’est contaminé.
L’hôtel est tenu par deux frères plus typés indiens que népalais. Ils nous rassurent en disant qu’ils ont un oncle dans la police touristique et que donc on aura toutes les infos en avance. Ils ont aussi dédié une des chambres du rez-de-chaussée en une salle commune avec télévision. Normalement ils ne font pas à manger mais étant donné la situation, ils feront des petit-déjeuner et un repas le soir contre contribution. Nous avons aussi accès à la cuisine si on veut cuisiner moyennant un petit quelque chose. Tout à l’air parfait !
L’auberge espagnole
Le premier soir on rencontre tout le monde dans la salle commune. Beaucoup de pays sont présent : Inde, Chine, Indonésie, Pays Bas, Chili, Argentine, Brésil, France, Allemagne. On déguste notre Dal Bhat en discutant avec tout le monde sur la situation actuelle. Coralie est ici depuis 10 jours et ne rêve que d’une chose, rentrer chez elle.
Le lendemain matin, nous sommes tous sur nos téléphones pour s’informer. La cellule de crise touristique du gouvernement népalais a mis en place un Whatsapp dédié pour chaque pays. Fabio tombe le premier sur l’information : aujourd’hui il y aurait 1 bus qui rejoindrait Katmandou : 25 places disponibles et il y a un unique lieu de rendez-vous.
Etre ou ne pas en être
Mais qu’est-ce qu’on fait ? Il faut rapidement faire un choix, car le bus est dans 2 h. Oui ils adorent donner les informations en dernière minute. D’un côté nous avons le reste de nos affaires dans notre auberge de jeunesse à Katmandou dont le PC. De l’autre, il est nettement plus agréable de vivre le confinement ici que dans la capitale avec le monde, la pollution et le risque plus élevé de contracter la maladie.
Trente minutes avant le départ du bus, nous sommes toujours à l’hôtel à sous peser le pour et le contre. Puis on apprend vite grâce au groupe Whatsapps qu’il y a 200 à 300 personnes à ce point de rassemblement. La décision est prise, nous restons sur Pokhara. Il n’est pas question de se rendre là-bas. On ne sait même pas où ces gens sont allés, s’ils sont porteurs ou pas, s’ils se sont lavés les mains après être passé aux toilettes. Bref le scénario pré-apocalyptique en tête et la vision d’un groupe de zombie m’a décidé. Donc je reprends une tasse de thé et m’enfonce dans mon canapé avec mon bouquin sur des sorciers et des guérisseurs (et non ce n’est pas Harry Potter)!
Le gras c’est la vie
La vie suit son court et nous partons en quête de victuailles. La superette se trouve au bout de la rue. Sauf que pour pouvoir y pénétrer, il faut avoir un masque. Mince on n’a pas pris les nôtres. (c’est encore le moment où personne n’en mettait). Le vigil me montre qu’il peut me prêter un tissu que je mettrai en mode bandit de grand chemin devant ma figure. Merci mais non merci ! Je ne sais pas où il a trainé ton chiffon. Donc Benjamin repart chercher nos foulards dans la chambre. Et une fois qu’on a aussi nettoyé nos mains au gel hydro alcoolique (une goutte chacun bien diluée à l’eau), nous avons le droit de rentrer dans le magasin.
Tout le monde déambule masqué, en jetant des regards inquiets aux autres. La psychose est bien là. Heureusement il fait beau et le confinement n’est pas aussi sévère ici qu’à Katmandou.
Puis en repartant, on tombe sur un revendeur de pain et viennoiseries. Youpi. C’est parti pour une sorte de beignet bien gras. Du coup les autres matins on fera notre petite expédition avec Valentin pour aller se ravitailler. Pain et viennoiseries en poches on peut commencer le petit déjeuner devant quelques épisodes de Kaamelott.
Vague à l’âme
Bon comme vous pouvez le voir, on s’occupe comme on peut. Cependant le temps est long et on s’ennuie ferme. Cela fait bien une semaine que l’on est là. Mais quand sera le prochain bus pour Katmandou? Maintenant on en rêve aussi. Nos logeurs n’ont soit disant aucune information. Moi je me dis qu’ils doivent bien se garder de nous les donner car on est leur unique gagne-pain pour le moment.
Et en tant que source de revenu pour notre hôtel, nous avons ENCORE le droit à un Dahl Baht ce soir. Alors oui ils changent un peu la recette chaque jour, mais je dois quand même puiser dans mon imagination pour penser à une entrecôte en mangeant ma soupe de pois, histoire de ne pas devenir dépressive.
Un nouvel espoir
A force d’acharnement à poser des questions, et à rechercher des informations auprès de l’ambassade, je reçois un mail.
« Diane Malgouzou ! L’heureux vainqueur du grand concours des Gemini Croquette » Youhouuuuu c’est qui le patron ???!
En gros j’ai gagné ma place sur le prochain avion de rapatriement. Mais Ben ? Bah lui non… Néanmoins nous avons réussi à tous les deux avoir une place dans le prochain bus à destination de Katmandou.
Donc la question ne se pose plus et on remballe toutes nos affaires, direction le point de ralliement. Oulala même chose que la dernière fois, ils ont envoyé un mail à 40 personnes et il y a bien 120 personnes qui attendent grâce aux bruits de couloir. Deux bus arrivent et on se demande comment tout le monde va rentrer dedans. Les heures défilent sous le soleil et avec Paul qui nous a rejoint, on se demande bien quand on va pouvoir enfin embarquer car il y a bien 7 h de route.
A la queue leu leu
Mais avant tout CONTRÔLE SANITAIRE. Alors tous à la file indienne avec 1 m entre chaque personne. La belle blague sachant que ça fait bien 1 h 30 qu’on attend tous serrés comme des sardines sur les trottoirs en plein cagnard. Et puis dans le bus, vous croyez qu’il y a 1 m entre chaque siège ? Heureusement la route est longue et leur dispositif rodé. C’est sans compter sur les chiens errants qui ont décidé que la rue était désormais à eux et qui s’amusent à se battre au milieu de notre file.
Bref, je signe le registre et on me prend ma température (après être resté 2h en plein soleil !). Je passe, d’autres non. Ils doivent rester sur le côté et on reprendra leur température après. Oui ils nous font clairement comprendre que ce n’est pas grave, ça ne marche pas très bien de toute manière… Tout le monde passera finalement.
« Mario time »
Une fois bien installé dans un des bus (au nombre de 5 maintenant) on s’élance. Oui c’est bien le mot. Nous avons rejoué une partie de Mario Kart sur 250 km. Des fous furieux ces népalais. Une dame demande une pause pipi au bout de 4 h de route. Le chauffeur s’arrête au niveau d’une déchetterie en pleine air et lui dit ok vous pouvez y aller. Pas moyen, les passagers du bus s’insurgent. Nous nous arrêterons finalement un peu plus loin au niveau de toilettes publiques. C’est-à-dire un préfabriqué de chantier au milieu de nulle part. Je n’ose même pas imaginer l’odeur. Moi je me retiendrai.
C’est une fois la nuit bien tombé que Katmandou se profile au loin.